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Stage AIESEC en Afghanistan, été 2010
Stage AIESEC en Afghanistan, été 2010
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4 juillet 2010

"Demeure de la Paix" ...

Mon jour de congé est le vendredi. Je dois dire que c’est assez déphasant. Safi et Maseeh, les deux même AIESECers qui étaient venus me chercher à l’aéroport, m’ont baladée pendant mon vendredi. Nous sommes allés voir trois choses : le palais Darul Aman, le jardin Bagh-e Babur et une maison de thé à l’extrémité du lac. Le rendez-vous fut pris à 9 h le matin avec Safi pour qu’il vienne me chercher à l’hôtel. Le bougre a mis trois quarts d'heure à trouver, il faut dire que pour raison de sécurité rien, à part la barrière et les gardes, ne signale l’hôtel. Pas de nom de rue affiché. Après être allé chercher Masseeh qui, bien que malade vient quand même, nous prenons la direction de l’ancien palais de Zaher Shah, Darul Aman, « Demeure de la Paix »….

C’est une choses impressionnante. Construit dans les années 20, il a surtout été détruit par la guerre civile dans les années 1990. C’est une carcasse vide criblée d’impacts de balles, où règne littéralement une ambiance de mort. Plus aucune décoration n’y est visible, si ce n’est peut-être quelques morceaux de marbres sur le sol et quelques étendues de peinture roses et vertes. Cet endroit respire l’Histoire. Elle est palpable partout. Seuls quelques gardes surveillent l’ensemble. Un vieux garde d’abord à qui l’on a installé un lit et quelques affaires, je ne suis pas persuadée qu’il dort là. Et puis une petite troupe de cinq ou six militaires armés d’une unique kalachnikov détenue par le plus chétif d’entre eux. Nous les rencontrons près d’une des fenêtres qui donnent sur la ville. Ils commencent à parler à Safi et Masseeh. Ils ne me retraduisent que très partiellement. Ils reviennent de trois mois de combats à Helmand. J’ai l’impression qu’ils sont contents de parler. La vue et le contexte sont irréels. Avec mon foulard j’ai l’impression d’être grande reporter pour Envoyé Spéciale. Tout est si calme. Et pourtant, les fenêtres sont éventrées, le sol est en mille morceaux, la peinture n’existe plus, seuls quelques carreaux persistent dans un trou que je pense être une baignoire, la pièce à la taille d’une salle de bain. On ne peut même pas définir le style du bâtiment tellement il n’en reste que la carcasse. Cependant, quelques décorations ont subsisté, comme une sculpture d’avion ou des colonnes. Les escaliers n’ont plus de cadres et tiennent seuls au mur, on voit les briques. Des soldats français ont tagué sur les murs « pipi-room » et « poubelle » près de deux entrées. Il y a des gravats partout et le toit du bâtiment principal tombe en ruine.

Que faire alors de ce bâtiment ? Plusieurs projets existent, comme de le raser, ou de le retransformer en parlement si les fonds le permettent. En effet pendant les années 60 et 70, la monarchie s'ouvre et devient parlementaire. Le projet est de le transformer en Parlement. L'endroit revêt alors une symbolique démocratique mais il en couterai près de 30 millions de dollars pour le restaurer. Pour ma part, en tant que modeste historienne, il serait peut être de bon aloi de laisser l’endroit tel quel. Je n’ai pas aussi souvent été autant impressionnée par un monument. En lui-même il représente beaucoup et à l’intérieur on imagine les gens qui courent, les militaires, les combats politiques et les drames. Oui cette carcasse porte le drame. Et puis le restaurer couterait une fortune. La priorité n’est sans doute pas là bien que cet endroit mérite un traitement spécial.

 

Après un bakchich au garde qui nous a fait passer, dernier regard sur la fontaine défoncée qui est à l’entrée de la colline et nous partons pour visiter un endroit magnifique qui donne sur la ville : le jardin Baghe Babur, du nom de celui qui l’a construit en 1540.

Pour en savoir plus :  http://cotarderic.unblog.fr/2008/07/06/de-darulaman-palace-au-camp-dubs-une-page-dhistoire/

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